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La recherche intersectorielle en appui aux enjeux d’attractivité et de pénurie de main-d’œuvre
17 septembre 2025
Huit projets financés pour transformer le secteur bioalimentaire québécois
Un appel à projets issu d’une mobilisation collective
Le secteur bioalimentaire québécois est l’un des piliers économiques de la province. Alors que ce sont en moyenne 5,2% des postes qui sont vacants dans l’ensemble des industries, ce taux augmente à 7,2 % dans le secteur de la fabrication alimentaire (Conseil de l’innovation du Québec, 2024). Le secteur bioalimentaire, quant à lui, représente 12 % de l’emploi au Québec et jusqu’à 23 % dans certaines régions (MAPAQ, 2023). Pourtant, ce secteur clé pour l’économie du Québec est confronté à des défis persistants comme la pénurie de main-d’œuvre, les difficultés de recrutement et de rétention, et l’inadéquation entre les compétences disponibles et les besoins du terrain.
C’est pour répondre à ces enjeux que l’appel à projets « Relève et pérennisation de la main-d’œuvre du secteur bioalimentaire québécois » a été lancé en 2024 avec pour objectif de maximiser les leviers financiers de deux initiatives stratégiques propulsées par l’INAF. L’une de ces initiatives, nommée Ça Relève!, bénéficie du financement conjoint du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), et du Fonds de recherche du Québec par l’entremise de leur levier de recherche et d’innovation, notamment le Pôle Bioalimentaire.
Historiquement ancré dans la recherche sur l’alimentation durable et la qualité nutritionnelle, l’INAF franchit avec cet appel à projet conjoint une nouvelle étape. En effet, l’institut soutient également de projets centrés sur l’humain, les conditions de travail et la transformation des organisations tout en gardant son regard tourné vers la durabilité et la résilience du secteur agroalimentaire.
Enrichi de façon collaborative par le comité partenaire de l’initiative Ça Relève! – Main-d’œuvre (CSMOTA, MAPAQ, CTAQ, ITAQ, Inno-centre, Technopole agroalimentaire de Saint-Hyacinthe), cet appel visait à stimuler la recherche appliquée en mobilisant des expertises multidisciplinaires pour répondre aux enjeux concrets de terrain.
Des projets alignés sur les besoins du secteur
L’appel à projets visait notamment à :
- Mieux comprendre les freins à l’attractivité du secteur ;
- Identifier des leviers pour la rétention des talents ;
- Contribuer à l’amélioration des conditions de travail ;
- Accompagner les entreprises dans l’adaptation de leurs pratiques RH ;
- Proposer des actions pour mieux arrimer les formations aux besoins réels du secteur.
Les thématiques proposées allaient de l’organisation du travail à l’équité, la diversité et l’inclusion, en passant par la perception du secteur chez les jeunes, la fidélisation du personnel, la gestion des risques liés à la santé physique et psychologique du personnel, l’accueil des travailleurs immigrants ou encore les processus d’orientation professionnelle.
Au terme du processus de sélection, huit projets porteurs ont été financés, mobilisant plus de vingt-huit (28) chercheuses et chercheurs membres d’environ six regroupements stratégiques du FRQ.
Projets financés
- « Approche du care : une réponse aux défis de rétention dans le secteur de la transformation agroalimentaire »
- Laurence Guillaumie (professeure à la Faculté sciences infirmières – Université Laval – membre chercheur INAF), Olivier Boiral (professeur à la Faculté sciences de l’administration, titulaire Chaire de recherche du Canada sur l’internationalisation du développement durable et la responsabilisation des organisations) et Alexander Yuriev (professeur adjoint département RH-HEC).
- « Co-construction d’un outil pour améliorer les conditions de travail »
- Marie-Eve Major (professeure à la Faculté sciences sociales Université Laval), Nektaria Nicolakakis (conseillère scientifique et chercheuse l’Institut national de santé publique du Québec), Isabelle Feillou (professeure agrégée en ergonomie Faculté des sciences sociales Université Laval) et Justine Arnoud (maître de conférences-HDR en sciences de la gestion et ergonomie à l’Université Paris- Est en France).
- « Comment faire face aux défis de gestion de l’emploi et du travail dans l’industrie bioalimentaire au Québec »
- Patrice Jalette (professeur titulaire en relations de travail à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal), Dalia Gesualdi-Fecteau (avocate, professeure titulaire de droit du travail à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et directrice du CRIMT), Blandine Emilien (professeure adjointe de GRH et de relations de travail à l’École de commerce de l’Université de Bristol).
- « Modèle de prise en charge de la santé et sécurité au travail dans les très petites entreprises »
- Jessica Dubé (chercheuse en sciences de la gestion à l’Institut sur la recherche en Santé et Sécurité au Travail (IRSTT) , Caroline Jolly (chercheuse-ergonome à l’IRSST), Mélanie Lefrançois (professeure-chercheuse en SST au Département d’organisation et ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal), Nancy Beauregard (professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, et co-titulaire de MYRIAGONE Chaire de recherche en mobilisation des connaissances jeunesse.) et Bénédicte Calvet (docteure en ergonomie, chercheuse à l’IRSST) .
- « Optimiser l’attractivité du secteur de la transformation alimentaire québécoise : La rétention au cœur de la stratégie »
- Marie-Ève Dufour (professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, cotitulaire du CerG-DPO), Gaëlle Cachat-Rosset (professeure agrégée à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université, membre du CerG-DPO, de la Chaire BMO en diversité et de l’OBVIA), Julie Dextras-Gauthier (professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval et cotitulaire du CerG-DPO., Marie-Hélène Gilbert (professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, cotitulaire du CerG-DPO et codirectrice du CRGSS), Felix Ballesteros Leiva (professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, membre du Cerg-DPO et de la Chaire BMO en diversité et gouvernance ).
- « Renforcer la pérennité et l’attractivité dans le secteur de la transformation agroalimentaire »
- Pierre Paul Audate (Université de Montréal, professeur adjoint au département de géographie, Laurence Guillaumie (Université Laval, professeur aux programmes de santé publiques et sciences infirmières), Thierno Diallo (Université Laval, professeur adjoint santé publique et communautaire à la Faculté des sciences infirmières) et Claudia Pelletier (professeure agrégée en systèmes d’information et marketing à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières).
- « Comment (et où) utiliser des robots collaboratifs pour assurer la relève et la pérennisation de la main-d’œuvre »
- François Bernard Malo (Université Laval, expertise en gestion des ressources humaines et en gestion du changement dans les organisations), Phillipe Cardou (Université Laval, expertise en robotique, automatisation, robots), Linda Saucier (Université Laval, expertise en écologie microbienne, microbiologie, viande, innocuité), Clément Gosselin (Université Laval, expertise en robotique, interaction physique humain-robot) .
- « Alignement et développement des compétences des nouvelles générations sur les besoins en transformation alimentaire au Québec »
- Guylaine Sauvé (chercheuse Institut de la technologie agroalimentaire du Québec-ITAQ/Regroupement Oplait ou RQR), Colombe St-Pierre (chercheuse ITAQ), Mélanie Girard (chercheuse ITAQ), Philippe Ste-Marie (chercheur ITAQ), Martine Pelletier (chercheuse ITAQ), Patrick Leduc (chercheur ITAQ) .
Une approche innovante : collaborer pendant la réalisation des projets via le comité parapluie
Dans une volonté de faire les choses autrement, le comité de pilotage de l’INAF a mis en place un « comité parapluie » rassemblant tous les porteurs et porteuses des projets financés. Ce comité reflète une conviction forte : c’est en favorisant la collaboration, le partage et l’intelligence collective que les solutions proposées auront de réelles retombées pour le secteur agroalimentaire. L’objectif était de créer un véritable espace de co-apprentissage pendant la réalisation des projets, pour :
- Partager les données collectées et les outils d’analyse ;
- Mutualiser les ressources complémentaires ;
- Échanger sur les défis rencontrés, les constats et les solutions potentielles ;
- Bonifier les livrables pour maximiser l’impact collectif.
Cette approche dynamique et transversale permet de faire plus avec moins, en misant sur la synergie entre les équipes et le transfert actif de connaissances entre recherche et pratique.
Dans les faits, ce comité prend la forme de rencontres collectives flexibles à des moments clés de l’avancement des projets.
Vers une relève forte et mobilisée
Grâce à cette initiative, nous souhaitons contribuer à poser les bases d’une réponse durable à la crise de main-d’œuvre dans le secteur bioalimentaire.
Ces projets, portés par des chercheuses et chercheurs engagés et ancrés dans les réalités du milieu, contribueront à renforcer l’attractivité du secteur, à soutenir les entreprises dans leur développement et à mieux outiller la relève. Grâce à la valorisation de l’interdisciplinarité et de la diversité institutionnelle, cet appel à projets a mis en lumière l’importance de mobiliser des parties prenantes clés en vue d’assurer la pérennisation du secteur de la transformation alimentaire au Québec.
Pour plus d’information, veuillez contacter le Pôle bioalimentaire à pole@inaf.ulaval.ca
Références
Conseil de l’innovation du Québec. Fabrication alimentaire au Québec : diagnostic sectoriel, publié le 10 novembre 2024, p. 22. Consulté le 14 juillet 2025.
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Profil régional de l’industrie bioalimentaire au Québec – Estimations pour l’année 2023. p. 13. Consulté le 14 juillet 2025.